Atténuer une schizophrénie par le jardin thérapeutique

Une méta-analyse s’intéresse à l’efficacité de thérapie par l’horticulture ou hortithérapie pour les personnes atteintes de schizophrénies par rapport aux soins standards ou à d’autres interventions psychosociales.

Une méta-analyse chinoise de Liu et ses collaborateurs publiée dans la revue Cochrane Collaboration en 2014 examine l’efficacité de l’horticulture pour les personnes atteintes de schizophrénie comparée aux traitements et aux interventions psychosociales classiques. L’existence d’un seul essai randomisé contrôlé ne permet pas de conclure actuellement sur l’efficacité de cette INM pour les personnes souffrant de schizophrénie.


Le rationnel de l’étude

La schizophrénie est une forme sévère de maladie mentale. Elle est caractérisée par des symptômes psychotiques tels que des délires et des hallucinations. Elle est aussi caractérisée par des symptômes négatifs tels que le retrait social, la perte de motivation et une incapacité à éprouver du plaisir. Les patients peuvent également présenter des troubles cognitifs et des troubles du comportement. Ces symptômes conduisent à un dysfonctionnement social et professionnel significatif. Ces personnes ont une espérance de vie considérablement réduite par rapport à la population générale, en raison de décès non naturels (suicide et accident) et de troubles physiologiques (maladies cardiaques, maladies endocriniennes, maladies respiratoires et maladies infectieuses). Les soins médicamenteux sont les traitements de base de la schizophrénie. Cependant, chez 5% à 15% des patients, les symptômes persistent et les traitements font souvent apparaitre des effets indésirables.

La thérapie par l’horticulture, appelée également hortithérapie, est définie par l’American Horticultural Therapy Association comme une intervention non médicamenteuse qui utilise des activités de jardinage pour aider les participants à améliorer leur santé et leur bien-être.

L’hortithérapie pourrait être complémentaire des traitements conventionnels de la schizophrénie. 

La question posée

Une intervention en hortithérapie améliore-t-elle le bien-être, la qualité de vie et réduit-elle les symptômes anxio-dépressifs des personnes atteintes de schizophrénie?

La méthode

La méta-analyse chinoise de type Cochrane a retenu un seul essai randomisé contrôlé de qualité (Kam et al., 2010) testant l’efficacité de l’horticulture thérapeutique chez des personnes atteintes de schizophrénie ou de troubles connexes, tels que le trouble schizophréniforme, le trouble schizo-affectif et le trouble délirant. L’efficacité de cette intervention est comparée à un groupe contrôle bénéficiant des soins psychiatriques classiques.

Cette étude a inclus 24 personnes d’un âge moyen de 44 ans. Les critères de jugement étudiés ont été le bien-être et la qualité de vie (PWI-C). L’état mental et comportemental a également été étudié grâce à l’échelle Depression Anxiety Stress Scale (DASS21). Les mesures ont été relevées avant le début de l’intervention, à deux semaines, en fin d’intervention.

L’intervention non médicamenteuse (INM) testée

L’engagement des participants aux séances collectives d’hortithérapie était facilité par un thérapeute ou un professionnel de la santé formé. Tous les participants devaient maintenir leurs soins habituels. Chaque séance d’hortithérapie durait 1 heure pendant 10 jours consécutifs. Un thérapeute agréé était responsable de la mise en œuvre du programme d’horticulture. Chaque séance avait un thème et un objectif thérapeutique précis:
– séance 1: visite du jardin.
– séance 2: introduction à l’agriculture biologique. Bilan de vie et des stratégies de gestion psychologique du stress.
– séance 3: cours sur la culture et la croissance des plantes, pratique de l’arrosage et de la fertilité des plantes. Sensibilisation à l’importance des facteurs de protection de soi dans la gestion du stress.
– séance 4: pratique du désherbage et préparation du terrain potager. Partage des expériences liées aux stratégies d’adaptation.
– séance 5: enseignement des stratégies de récolte, examen et expérience gustative de fruits et légumes. Partage de leur intérêt et de leur réussite.
– séance 6 : connaissance des plantes, savoir les identifier et les dessiner. Partage des expériences liées à leur intérêt personnel.
– séance 7: fabrication d’un épouvantail. Partage des expériences liées aux travaux manuels et aux stratégies de faire face au stress.
– séance 8: remplir des sacs de thé. Partage de stratégies liées à l’autogestion de l’alimentation.
– séance 9: enseignement des procédures de rempotage. Partage de leur espoir et leur désir.
– séance 10: visite et introduction à l’utilité des serres. Partager de l’expérience de l’activité en groupe.

Les résultats principaux

La méta-analyse ne s’avère pas concluante au regard du manque d’essais randomisés contrôlés. La seule étude disponible montre que l’intervention en hortithérapie combinée aux soins courants améliore les symptômes anxio-dépressifs et le stress à court terme des participants par rapport aux soins courant prodigués seul.

Aucune conclusion ne peut être donnée sur l’efficacité de hortithérapie chez les patients schizophrènes au regard du manque d’étude. Par contre, son intérêt semble incontestable.  


Le message pour les patients

Une programme de 10 séances d’hortithérapie combinée aux soins courant de la schizophrénie semble réduire l’anxiété, l’état dépressif et le stress de personnes souffrant de schizophrénie. La conclusion de cette méta-analyse qui se base sur une seule étude mérite d’être confirmée par de nouvelles études.

Le message pour les professionnels

Le manque de données actuelles ne permet pas de conclure sur l’efficacité clinique de l’hortithérapie dans la réduction de la symptomatologie anxio-dépressive des personnes atteintes de schizophrénie. Toutefois, son intérêt semble incontestable et mérite d’être plus étudié.

Le message pour les chercheurs

Cette méta-analyse n’a pu répertorier qu’un seul essai randomisé contrôlé portant sur l’efficacité de l’hortithérapie pour les patients atteints de troubles psychiatriques. De futurs essais cliniques sont donc nécessaires pour déterminer l’efficacité de l’hortithérapie dans le traitement de la schizophrénie.

Le message pour les décideurs

Cette méta-analyse n’apporte pas suffisamment de preuves de l’efficacité de l’hortithérapie dans le traitement de la schizophrénie. Des études sont nécessaires sur ce sujet prometteur.


La référence

Liu Y, Bo L, Sampson S, Roberts S, Zhang G, Wu W (2014). Horticultural therapy for schizophrenia. Cochrane Database of Systematic Reviews, 5, CD009413.


Articles similaires du Blog en Santé ©

Sur le même thème

Sur le même public

Sur la même intervention non médicamenteuse


Pour citer cet article du Blog en Santé ©

Ninot G (2016). Atténuer une schizophrénie par le jardin thérapeutique. Blog en Santé, A84.

© Copyright 2016 Grégory Ninot. All rights reserved.

Laisser un commentaire