Une méta-analyse évalue la mise en place, les méthodes et l’efficacité de programmes d’éducation à l’autogestion de la BPCO sur la santé et le recours aux soins sur la base des résultats de 14 essais cliniques publiés entre 1985 et 2006.
La méta-analyse hollandaise d’Effing et ses collaborateurs publiée dans la revue Cochrane Database of Systematic Reviews en 2007 évalue les bénéfices de programmes d’éducation à l’autogestion de la BPCO sur des indicateurs de santé et le recours aux soins. Les analyses s’appuient sur 14 essais cliniques contrôlés, randomisés ou non. La méta-analyse met en évidence une diminution en moyenne d’une hospitalisation par an pour les patients participant à un programme d’éducation à l’autogestion de la BPCO comparés à ceux recevant les soins habituels. Les résultats montrent également un bénéfice du programme éducatif sur la qualité de vie spécifique à la BPCO et sur l’intensité de la dyspnée. Par contre, les auteurs ne constatent pas de différences pour le nombre d’exacerbations, pour la fonction pulmonaire, la condition physique, pour le nombre de visites dans un service médical d’urgence ou pour le nombre de journées de travail perdues. La méta-analyse n’indique pas non plus de différences pour les visites chez le médecin, pour la prise de corticoïdes, d’antibiotiques et de médicaments d’urgence.
Le rationnel de l’étude
La Broncho-Pneumopathie Chronique Obstructive (BPCO) est la quatrième cause de mortalité dans le monde. Elle cause 2,75 millions de décès dans le monde. Sa mortalité continue d’augmenter, notamment chez les femmes. Les patients touchés par une BPCO présentent une invalidité progressive jusqu’à ne plus pouvoir bouger du lit. Leur qualité de vie de dégrade fortement et irrémédiablement en particulier à cause d’une sensation d’asphyxie appelée la dyspnée. C’est une des maladies chroniques les plus coûteuses pour les systèmes de santé.
L’enjeu est de savoir si un programme d’éducation à l’autogestion de la BPCO, appelé en France l’Education Thérapeutique du Patient (ETP), permet aux patients d’adopter des comportements plus favorables à la santé, de mieux contrôler les symptômes de la maladie, d’apprendre à mieux vivre avec la BPCO et de réduire le recours aux soins de routine et/ou d’urgence. Des bénéfices sont constatés pour l’asthme, mais pas encore pour la BPCO. C’est l’objectif de cette méta-analyse.
Un programme d’éducation à l’autogestion de la BPCO pourrait améliorer la qualité de vie des patients et réduire leurs recours aux soins de santé.
La question posée
Un programme d’éducation thérapeutique dédié à l’autogestion de la BPCO est-il efficace dans l’amélioration des symptômes et de la qualité de vie comme dans la diminution des coûts directs et indirects ?
Le protocole
La méta-analyse a retenu 14 essais cliniques sur le sujet sur les 56 études recensées dans la littérature scientifique et médicale. La méta-analyse inclue 2239 patients dont le diagnostic de BPCO est avéré. Chaque étude interventionnelle non médicamenteuse retenue compare un groupe intervention constitués de patients suivant un programme d’éducation à l’autogestion de la BPCO à un groupe contrôle constitués de patients suivant les soins courants. La durée des programmes éducatifs varie de 2 à 6 mois. Le suivi varie de +6 mois à +2 ans. Les résultats de la méta-analyse rapportés en fonction des études concernent les symptômes de la BPCO, la fonction pulmonaire, la condition physique, la qualité de vie liée à la santé, le nombre et la sévérité des exacerbations, la prise d’antibiotiques et de stéroïdes, l’utilisation de médicaments non programmés, les admissions à l’hôpital, les visites aux services d’urgence, la fréquentation d’autres établissements de santé et les journées de travail perdues.
Les résultats principaux
Les résultats de la méta-analyse indiquent une réduction du nombre d’admission à l’hôpital pour une exacerbation de la BPCO, soit une hospitalisation de moins par an en moyenne par patient. Les résultats indiquent également une amélioration de la qualité de vie spécifique à la BPCO mesurée par le questionnaire Saint George (SGRQ). Les résultats montrent également une diminution de l’intensité de la dyspnée pour les patients bénéficiant du programme d’éducation à l’autogestion de la BPCO. Par contre, aucun bénéfice n’est obtenu sur les autres indicateurs évalués.
Un programme d’éducation à l’autogestion de la BPCO diminue le symptôme principal de la BPCO, la dyspnée, et évite une hospitalisation par an en moyenne aux patients.
Le message pour les patients
Suivre un programme d’autogestion de la BPCO de 2 à 6 mois réduit l’essoufflement, améliore la qualité de vie et évite une hospitalisation par an.
Le message pour les professionnels
Un programme d’éducation thérapeutique (ETP) dédié à la BPCO évite au patient une hospitalisation par an pour une exacerbation, réduit sa dyspnée et améliore sa qualité de vie.
Le message pour les chercheurs
Les essais cliniques utilisés dans cette méta-analyse manquent d’homogénéité au niveau des variables mesurées, de la durée du programme d’ETP, de la sévérité de la maladie et de la manière dont le programme a été diffusé (écrit, verbal, visuel, auditif). Les données disponibles dans la littérature sont encore insuffisantes pour formuler clairement des recommandations sur l’organisation et le contenu des programmes d’éducation à l’autogestion de la BPCO. Les protocoles des essais randomisés contrôlés devraient plus détailler le contenu des programmes d’ETP.
Le message pour les décideurs
Un programme d’éducation thérapeutique (ETP) spécifique à la BPCO évite une hospitalisation par an en moyenne aux patients. La généralisation de ce type de programme ferait faire indiscutablement des économies de santé tout en bénéficiant à la qualité de vie des patients.
La référence
Effing TW, Monninkhof EM, van der Valk PDLPM, Zielhuis GA, van Herwaarden CLA, Partridge MR, Walters EH, van der Palen J (2007). Self-management education for patients with chronic obstructive pulmonary disease. Cochrane Database of Systematic Reviews, 4, CD002990.
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Pour citer cet article du Blog en Santé ©
Ninot G (2015). Un nouveau remède contre la dépression, l’activité physique. Blog en Santé, A37.
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