Bien-vieillir : le grand défi du troisième millénaire

Les mesures à prendre pour mieux vieillir selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

Un rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) publié en 2002 nommé « Active Ageing: a Policy Framework » fait la synthèse des mesures individuelles et collectives à mettre en œuvre pour faciliter le vieillissement en bonne santé ou « vieillissement actif » selon l’OMS. Ces mesures incitent à renforcer les actions de promotion des comportements favorables à la santé, de prévention des maladies chroniques et d’accès équitable au système de santé. Elles insistent sur une nécessaire réorganisation des soins de longue durée.


Le rationnel du rapport

La proportion des personnes de plus de 60 ans dans le monde augmente plus rapidement que les autres tranches d’âge. Entre 1970 et 2025, leur nombre devrait atteindre 694 millions, soit une hausse de 223 %. En 2025, près de 1,2 milliard de personnes auront plus de 60 ans. En 2050, plus de 2 milliards. Répondre aux besoins spécifiques de ce public devient une nécessité sanitaire, sociale et économique. L’OMS propose ainsi le concept de vieillissement actif, « processus consistant à optimiser les possibilités de bonne santé, de participation et de sécurité afin d’accroître la qualité de la vie pendant la vieillesse ». La personne âgée doit pouvoir utiliser son potentiel physique, mental et social pour s’impliquer dans la vie de la société selon ses besoins et ses souhaits, tout en bénéficiant d’une protection, d’une sécurité et de soins adaptés. Etre « actif » ne se limite donc pas à avoir un travail ou pratiquer une activité physique. Cela concerne aussi les activités sociales, spirituelles, culturelles et citoyennes au sens large. La finalité est ainsi de maximiser à l’échelle individuelle et collective l’espérance de vie en bonne santé (ou son synonyme, l’espérance de vie sans incapacité).

En 2025, 1,2 milliard de personnes auront plus de 60 ans dans le monde. Il faut se préparer à répondre à de nouveaux besoins favorisant le « vieillissement actif », autrement dit le vieillissement en bonne santé.

La question posée

Quelles sont les mesures à prendre pour promouvoir le vieillissement actif?

La méthode

Le rapport s’appuie sur des travaux d’experts. Il inventorie les stratégies individuelles et collectives à mettre en œuvre pour contribuer au vieillissement actif. Cela passe par la promotion de la santé, la prévention des maladies, l’accès équitable et durable aux soins. Il s’agit ainsi pour les auteurs de recenser les mesures éprouvées permettant de réduire le nombre de morts prématurées, de limiter les souffrances associées aux conséquences d’une maladie chronique, d’améliorer la qualité de vie, de faciliter la participation active à la vie familiale, sociale, culturelle, économique et politique, et d’optimiser la gestion des soins et des traitements.

Un chapitre entier est consacré à la prévention des maladies chroniques qui va constituer une charge économique et sociale majeure pour les Etats et les citoyens dans les prochaines années. Ces maladies sont principalement les maladies cardio-vasculaires, l’hypertension, l’accident vasculaire cérébral, le diabète, le cancer, la broncho-pneumopathie chronique obstructive, les affections ostéo-musculaires (l’arthrite par exemple), les troubles mentaux, les démences et les déficiences visuelles. Elles sont dues à des comportements à risque et non à des facteurs héréditaires (autrement dit, d’origine génétique et présents à la naissance). Elles sont très coûteuses et constituent la plus grande part des dépenses de santé chez les personnes de plus de 60 ans.

Les résultats principaux

Un vieillissement réussi devrait pouvoir éviter ou limiter l’impact d’une maladie chronique. L’évolution mondiale des conséquences sanitaires et sociales associées au vieillissement fait de la lutte contre les maladies chroniques une priorité du troisième millénaire. Elle impose de passer d’un modèle de réparation à un modèle de soins coordonnés, durables et complets. Cette évolution exige une réorientation du système de santé actuellement structuré pour prendre en charge des maladies en phases aiguës. Ce dernier modèle est inadapté aux besoins de santé des populations vieillissantes.

La démarche de l’OMS intitulée « vieillir en restant actif » fixe des caps aux nations sur la santé, la participation sociale et la sécurité pour faire face au vieillissement des populations. Ces actions sont à mettre conjointement entre professionnels de la santé, de la prévention, du travail et du social si l’on veut atteindre des résultats efficaces.

La santé

« 1. Eviter ou alléger la charge constituée par les incapacités excédentaires, les maladies chroniques et la mortalité prématurée.

2. Réduire les facteurs de risque associés aux principales maladies et augmenter les facteurs qui concourent à protéger la santé tout au long de la vie (activité physique, nutrition, arrêt du tabac, consommation modérée d’alcool, santé bucco-dentaire, développement des ressources cognitives, bonne utilisation des médicaments)

3. Développer un ensemble de services sanitaires et sociaux abordables, accessibles, de haute qualité et aménagés pour les personnes âgées, qui répondent aux besoins et respectent les droits des personnes âgées, hommes et femmes.

4. Assurer l’éducation et la formation des aidants. »

La participation

« 1. Offrir des possibilités d’éducation et de formation tout au long de la vie.

2. Reconnaitre et rendre possible la participation active des personnes âgées aux activités de développement économique, au travail structuré et non structuré et aux activités bénévoles, selon les besoins, les préférences et les capacités de chacun.

3. Encourager les personnes âgées à participer pleinement à la vie familiale et locale. »

La sécurité

« 1. Assurer la protection, la sécurité et la dignité des personnes âgées en répondant à leurs besoins et leurs droits en matière de sécurité sociale, financière et physique.

2. Réduire les injustices touchant aux droits et aux besoins des femmes âgées en matière de sécurité. »

Le vieillissement de la population impose de passer d’un système de santé basé sur la réparation à un système fondé sur la prévention et les soins coordonnés, durables et complets.


 Le message général

Il est important d’adopter à tout âge un mode de vie favorable à la santé et contribuer activement à sa propre santé et qualité de vie. Penser qu’il y a un âge de la vie où il est trop tard pour adopter ces comportements est une erreur. Pratiquer une activité physique adéquate et régulière, manger sainement, ne pas fumer, consommer peu ou pas d’alcool, utiliser les médicaments avec discernement, peuvent éviter des maladies, limiter le déclin fonctionnel, accroître la longévité et améliorer la qualité de la vie.

Le message pour les professionnels

Un régime alimentaire très gras (graisse saturée) et salé, pauvre en fruits et légumes et qui ne fournit pas un apport suffisant en fibres et vitamines, conjugué à un mode de vie sédentaire, constitue un facteur de risque de premier plan pour des maladies chroniques telles que le diabète, les maladies cardio-vasculaires, l’hypertension, l’obésité, l’arthrite et certains cancers. En évitant ces maladies par l’adoption de comportements simples, on favorise un vieillissement réussi.

Le message pour les chercheurs

Il est possible d’éviter ou de retarder les incapacités associées au vieillissement. C’est ainsi qu’au cours des 20 dernières années, les taux d’incapacité par âge ont baissé aux Etats-Unis, en Angleterre et en Suède par un changement de mode de vie. Selon les prévisionnistes, augmenter les capacités d’autonomie des personnes de plus de 60 ans diminuera les dépenses médicales d’environ 20% au cours des 50 prochaines années. Un dollar consacré à des mesures favorisant une activité physique modérée et régulière économise 3,2 dollars rien qu’en frais médicaux.

Le message pour les décideurs

En s’attachant uniquement à l’emploi des seniors, on sous-estime leur contribution au secteur informel (petites activités, activités indépendantes, travail domestique, jardinage, bricolage, etc.). Un nouveau modèle s’impose, qui envisage la personne âgée comme un participant actif et intégré à la vie de la société. Elle devient ainsi un contributeur et un bénéficiaire du développement.


La référence

Organisation Mondiale de la Santé (2002). Vieillir en restant actif. Cadre d’orientation. OMS: Genève.


Pour citer cet article du Blog en Santé ©

Ninot G (2014). Bien-vieillir : le grand défi du troisième millénaire. Blog en Santé, A25.

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