Changer les comportements alimentaires et d’activité physique évite le diabète de type 2

Une méta-analyse évalue l’efficacité de programmes supervisés associant une alimentation équilibrée à de l’activité physique régulière dans la prévention du diabète de type 2.

Une méta-analyse espagnole d’Orozco et ses collaborateurs publiée dans la revue Cochrane Collaboration en 2009 vérifie, sur la base de 8 essais randomisés contrôlés, l’efficacité d’un programme supervisé par un professionnel combinant une activité physique d’endurance d’au moins 1h30 par semaine et une alimentation équilibrée sur la prévention du diabète de type 2 chez des adultes à haut risque. Les résultats montrent que le risque d’avoir un diabète de type 2 dans les 6 années diminue de 37% chez les personnes ayant suivi le programme comparées à celles qui ont suivi les recommandations standards de promotion de la santé ou qui ne bénéficient pas d’intervention.


Le rationnel de l’étude

Le diabète de type 2 est associé à une hyperglycémie chronique, c’est-à-dire à un taux trop élevé de sucre dans le sang. L’obésité, l’intolérance au glucose, l’hypertension, les antécédents familiaux de diabète de type 2, la dyslipidémie sont des facteurs qui peuvent augmenter le risque d’avoir un diabète de type 2. Les complications à long terme de cette maladie chronique touchent plus particulièrement les yeux, les reins, les nerfs et les vaisseaux sanguins. Les personnes risquent également de développer une maladie cardiovasculaire.

Le diabète de type 2 est le type de diabète le plus fréquent. Dans les pays occidentaux, cette maladie chronique touche 7% de la population générale. L’augmentation de son incidence est observée dans les pays industrialisés et les pays en voie de développement. Le diabète de type 2 est un problème de santé majeur de santé publique dans le monde. Elle est due notamment à une alimentation trop salée, trop sucrée et trop grasse et à une sédentarité persistante. L’enjeu est de savoir si un changement de comportements alimentaires et une augmentation de la dépense énergétique quotidienne diminuent à moyen terme l’apparition du diabète de type 2 chez les personnes risquant d’être touchées par cette maladie.

Changer ses habitudes alimentaires et son activité physique hebdomadaire diminue-t-il vraiment les risques d’avoir un diabète de type 2?

La question posée

Un programme de prévention secondaire combinant une alimentation équilibrée et une activité physique régulière supervisée par un professionnel diminue-t-il l’apparition du diabète de type 2 chez des personnes à risque de diabète?

La méthode

La revue systématique suivant la méthodologie de méta-analyse de type Cochrane a retenu 8 essais randomisés contrôlés incluant des individus de 50 ans en moyenne avec des troubles glucidiques, lipidiques et/ou vasculaires. Elle intègre également dans l’analyse les individus en surpoids ou obèses mais non diabétiques et dont un parent minimum est atteint du diabète de type 2. La méta-analyse compare en tout 2241 personnes suivant un programme combinant activité physique et alimentation équilibrée à 2509 personnes qui suivent les recommandations standards de santé.

L’intervention non médicamenteuse (INM) testée

La durée des INM était comprise entre 1 an et 6 ans. Elles visaient un changement d’habitudes alimentaires en diminuant les apports en calories, en réduisant la consommation de matières grasses et d’aliments riches en glucides et en augmentant la consommation d’aliments riches en fibres. Les programmes d’activité physique comprenaient une durée minimale de 150 minutes par semaine d’activité d’endurance (intensité modérée) telles que la marche rapide, le vélo ou le jogging. Les activités étaient encadrées régulièrement par des professionnels.

Les résultats principaux

Les résultats de la méta-analyse montrent une réduction de l’incidence du diabète de type 2 de 37% par la mise en place de programme combinant une activité physique régulière et une alimentation saine chez les individus présentant des troubles glucidiques, lipidiques et vasculaires. Cette intervention a un effet favorable sur le poids, le tour de taille et la tension artérielle. Ces bénéfices sont susceptibles de réduire le risque de maladie cardiovasculaire à moyen terme chez ces publics.

Modifier les comportements alimentaire et d’activité physique d’endurance suffit à éviter un diabète de type 2 chez un tiers des participants aux études.  


Le message pour les personnes à risque de diabète

Combiner une activité physique d’endurance de 150 minutes par semaine avec une alimentation saine, modérée, riche en fibre et pauvre en matières grasses saturées, en sel et en sucre évite le diabète de type 2 chez un tiers des personnes à risque de diabète. Ce type d’intervention diminue le poids corporel et le tour de taille. Il améliore la tension artérielle, ce qui réduit le risque de maladies cardiovasculaires.

Le message pour les professionnels

Une intervention combinant une activité physique régulière d’endurance (1h30 par semaine) et une alimentation équilibrée supervisées par un professionnel diminue l’incidence du diabète de type 2 chez les individus à haut risque. Encourager ce changement de comportements est capital pour une maladie dont la prévalence ne cesse d’augmenter.

Le message pour les chercheurs

Cette méta-analyse montre des résultats prometteurs d’une intervention non médicamenteuse pour éviter l’apparition d’une maladie chronique telle que le diabète de type 2. Mais les résultats manquent de puissance statistique car les populations des 8 essais randomisés contrôlés sont hétérogènes. De plus, la plupart des participants changent difficilement leurs comportements de santé vis-à-vis de l‘activité physique et de l’alimentation. Le manque de données sur la qualité de vie, sur la mortalité, sur les comorbidités et sur les niveaux lipidiques liés au diabète de type 2 ne permet pas de conclure définitivement à la question posée. De futurs essais randomisés devront être réalisés pour des populations plus ciblées en fonction de l’âge, de l’indice de masse corporelle, du niveau de tolérance au glucose et de la tension artérielle.

Le message pour les décideurs

Un programme de prévention basé sur l’activité physique et l’alimentation saine supervisé par un professionnel permet de diminuer de 37% le risque de développer un diabète de type 2. Cette maladie chronique dont le nombre ne cesse d’augmenter provoque de lourdes complications cardiovasculaires, oculaires, rénales et neurologiques, très coûteuses pour le système de santé. Un changement de comportements de santé dans des deux domaines pourrait empêcher l’apparition du diabète de type 2 chez de nombreuses personnes à risque. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer le coût-efficacité de ce genre d’interventions non médicamenteuses.


La référence

Orozco LJ, Buchleitner AM, Gimenez-Perez G, Roqué i Figuls M, Richter B, Mauricio D (2008). Exercise or exercise and diet for preventing type 2 diabetes mellitus. Cochrane Database of Systematic Reviews, 3, CD003054.


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Pour citer cet article du Blog en Santé ©

Ninot G (2015). Changer son alimentation et son activité physique évite un diabète de type. Blog en Santé, A40.

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