La recherche interventionnelle répond à un cahier des charges précis suivant les principes de l’Evidence Based Medicine. Elle comporte plusieurs phases, dont l’une est un protocole expérimental particulier appelé essai randomisé contrôlé. Cette approche vise à démontrer l’efficacité d’une intervention non médicamenteuse, son innocuité et son impact sur la qualité de vie d’êtres humains. Elle évite autant que faire se peut les biais méthodologiques et respecte les cadres éthiques internationaux.
Les participants à l’étude sont répartis aléatoirement dans un des deux groupes (cas le plus simple), un groupe testant l’intervention non médicamenteuse et un groupe contrôle ou placebo. Les personnes peuvent participer à une étude si elles respectent les critères d’inclusion (par exemple âge supérieur à 70 ans) et les critères de non participation (par exemple présence d’une pathologie cardiaque). Si le groupe testant l’innovation obtient en moyenne des résultats statistiquement supérieurs au groupe contrôle sur différents critères d’efficacité, de sécurité, de satisfaction et de qualité de vie, alors les preuves de la supériorité de l’innovation par rapport au groupe contrôle deviennent irréfutables. Ces études fournissent des données très riches sur la manière d’administrer l’innovation. Ces protocoles sont très encadrés aux niveaux règlementaire et éthique.
Le blog s’appuie sur ces essais cliniques publiés pour rendre compte des preuves d’efficacité d’une INM.
Recherche action vs recherche interventionnelle
La recherche action implique directement le chercheur. Autrement dit, le chercheur est aussi l’intervenant. Ce n’est pas le cas dans la recherche interventionnelle où tout est mis en oeuvre pour que le concepteur de la recherche et l’évaluateur ne soient pas impliqués de près ou de loin dans l’intervention auprès des participants. Les deux types de recherche sont complémentaires, la première empirique cherche à déceler la pertinence d’une INM, la seconde vise à en apporter la preuve d’efficacité et d’innocuité.
Recherche observationnelle vs recherche interventionnelle
La recherche observationnelle comme son nom l’indique suit l’évolution de trajectoires individuelles de personnes en cherchant à identifier les facteurs à l’origine de la variation de ces trajectoires. Elle s’appuie sur des protocoles de cohorte prospective. A l’opposé, la recherche interventionnelle vise à vérifier si une INM agit sur un problème de santé donné et atteint l’objectif fixé (la guérison, le soin ou l’amélioration de la qualité de vie). Il n’y pas d’opposition mais bien une complémentarité entre ces deux voies méthodologiques et épistémologiques. La première constate des améliorations de l’état de santé, de la survie et de la qualité de vie des personnes ayant suivi une thérapie ou une action de prévention. Elle peut aussi observer des bénéfices complémentaires auprès des familles et des proches, voire des économies. Toutefois, elle n’apporte pas de preuves irréfutables d’efficacité et de coûts/efficacité, tout juste fournit-elle une preuve de concept. Les secondes appuyées sur l’essai randomisé contrôlé lorsque c’est possible, rend compte de la puissance d’une innovation thérapeutique ou en prévention santé auprès d’une population ciblée.
Les limitations budgétaires actuelles en matière de santé et les attentes sans cesse croissantes de l’amélioration de la qualité des soins vont imposer de sévères arbitrages sur les priorités thérapeutiques. Ces choix se feront de plus en plus sur la base de preuves scientifiques et médicales irréprochables et non plus uniquement sur l’intuition clinique, sur des études mécanistiques ou sur des analyses de cohorte. Nous n’avons jamais eu autant besoin de démontrer et de comparer l’efficacité et les coûts/bénéfices des innovations en santé.
Le message pour les patients
Sans recherche interventionnelle, il n’y aurait pas de preuve qu’une stratégie thérapeutique ou d’une action de prévention santé est meilleure qu’une autre pour des patients ou des personnes à risque vis-à-vis de leur santé.
Le message pour les professionnels de santé
Les conclusions des études interventionnelles donnent un cadre de bonne pratique aux professionnels de santé. Cela ne remet pas en question la sensibilité clinique des professionnels de santé et l’ajustement à la singularité de chaque cas. La recherche interventionnelle donne des principes directeurs pour les professionnels comme pour les usagers des INM. Elle propose également un référentiel aux décideurs en vue d’une contribution à la prise en charge.
Le message pour les chercheurs
Les recherches interventionnelles testent auprès d’une population suffisante à partir d’un calcul du nombre de sujets nécessaires si les mécanismes sont bien en action à la dose choisie. Le blog recommande la lecture du site de Michel Cucherat du CNRS et de la Faculté de Médecine de Lyon pour en savoir plus.
Le message pour les décideurs
La recherche interventionnelle s’appuie sur des recherches fondamentales et observationnelles antérieures qui ont mis en évidence des mécanismes d’action sous-jacents et des pratiques. Elle fournit des preuves indispensables sur la manière d’administrer l’innovation, ses effets indésirables, ses rapports bénéfices/risques et son ratio coûts/efficacité.