Definition de l’effet nocebo

Etymologie

L’effet lié à la prise d’une substance inerte n’est pas toujours bénéfique, autrement dit ne provoque par d’effet placebo. Il peut être dommageable pour l’individu, c’est l’effet nocebo (du latin «je nuirai»).

Définition

« Dans les essais cliniques, un certain nombre de patients des groupes placebo souffrent d’effets secondaires similaires à ceux du traitement testé » (Colloca et Miller, 2011).

Diverses preuves de l’effet nocebo

Une suggestion verbale suffit à produire un effet nocebo suite à l’administration d’un produit inerte. Une étude le démontre à partir d’une expérience sur différentes suggestions médicales basées sur un signal électrique ou un contact tactile sensé être plus ou moins douloureux. Les sujets sains testés ont transformé cette consigne en douleur, et la douleur de faible intensité est devenue de haute intensité (Colloca et al., 2008). Les spécialistes nomment cette conséquence l’hyperalgie entendue comme une augmentation de perception de douleur sans comme une mesure avec la stimulation (Benedetti et al., 2011).

L’effet nocebo peut aussi reproduire les effets indésirables de vrais traitements, par une sorte de mimétisme. Le patient sait qu’il prend un médicament et recrée inconsciemment les effets indésirables dont il a entendu parler de la part de proches, qu’il a écoutés dans les médias ou qu’il a lus sur la notice. 20 à 30% des sujets en bonne santé participant à des expériences de ce type ressentent des maux de tête, de la somnolence ou des nausées. Une étude montre que des personnes saines s’étant fait injecter du Remifentanil se plaignent de douleur aux jambes sous l’influence de l’effet nocebo (Bingel et al., 2011). La simple annonce d’une classe de médicament peut produire un effet nocebo. En effet, une méta-analyse teste l’efficacité de traitements anti-dépresseurs (Rief et al., 2009). Elle compare l’effet nocebo de deux placebos, un tricyclique et un SSRI. Les patients recevant le placebo de tricyclique ont présenté plus de symptômes que ceux ayant pris un placebo SSRI, pour la bouche sèche (19,2% / 1,2%), des problèmes de vision (6,9% / 1,2%), de la fatigue (17,3% / 5,5%), et de la constipation (10,7% / 4,2%). L’information sur la catégorie de médicament est déjà susceptible d’influencer le patient.

Mécanismes

Comme dans l’effet placebo, mais de manière inversée, le sentiment d’attente peut produire des conséquences négatives comme une augmentation de la douleur. Cette amplification provient de différentes régions cérébrales comme le cortex cingulate antérieur, le cortex préfrontal, l’insula et hippocampe (Koyama et al, 2005; Hsieh et al, 1999; Ploghaus et al, 2001; Sawamoto et al, 2000; Porro et al, 2002; Lorenz et al, 2005). Les systèmes dopaminergique et opioïde agissent également de concert dans le nucleus accumbens en étant désactivés (Benedetti et al., 2011).

Confiance et méfiance dans la relation soignant / soigné

Une consigne mal formulée suffit à déclencher un effet nocebo. Des anesthésistes ont comparé la sensation de douleur ressentie lors de l’injection d’un anesthésiant chez des femmes enceintes. Le groupe nocebo était préparé à la piqûre par une consigne courante: «vous allez ressentir comme une intense piqûre d’abeille. C’est la partie la plus désagréable de l’intervention». Le groupe placebo était informé différemment: «nous allons vous donner un anesthésique local qui vous engourdira, pour que vous vous sentiez bien lors de l’opération». L’étude montre que l’usage de mots plus apaisants a eu un impact significatif sur la sensation de douleur et le degré d’inconfort lors des interventions chirurgicales (Varelmann et al., 2010).

Stress, nocebo et complications

Le stress potentialise l’effet nocebo. Lors d’une étude sur l’influence de la prière sur la guérison de patients hospitalisés et traités pour une maladie cardiaque, un essai randomisé contrôlé montre que le groupe de patients qui étaient informés que des prières étaient dites en leur faveur avaient plus de complications que celui des patients n’étant pas informé (Benson et al., 2006). Une hypothèse est que le stress supplémentaire induirait un effet nocebo et/ou serait source de risques accrus de complications. Des études plus récentes montrent l’implication du système dopaminergique comme pour l’effet placebo (Benedetti et al., 2011).

L’effet nocebo dans les interventions non médicamenteuses

Des effets nocebos peuvent survenir suite à la prescription d’une intervention non médicamenteuse. Mais, hélas, peu d’études existent sur le sujet, notamment dans une perspective non plus thérapeutique mais préventive.


Le message pour les patients

Toute prescription médicale peut provoquer un effet nocebo. Une relation de confiance à son médecin est fondamentale pour le prévenir.

Le message pour les professionnels de santé

Une mauvaise formulation d’une consigne sur l’effet d’un traitement ou d’une intervention non médicamenteuse peut déclencher un effet nocebo chez des patients.

Le message pour les chercheurs

On ne connaît pas suffisamment le rôle des effets placebo et nocebo suite à la prescription d’une intervention non médicamenteuse. Des recherches devraient être menées sur le sujet compte tenu de l’engouement pour les médecines alternatives et complémentaires.

Le message pour les décideurs

La multiplication des systèmes d’information, comme Internet par exemple, peut parasiter un patient lors de la prise d’un traitement. Il peut présenter plus d’effets secondaire que de raison à cause d’un effet nocebo. Une relation médecin-malade de confiance, persuasive et optimiste est essentielle pour le prévenir.


Références

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