dose optimale d’activité physique durant les traitements du cancer du sein

Une méta-analyse montre qu’une heure et demi à deux heures d’activité physique adaptée par semaine diminue la fatigue induite par les traitements du cancer du sein.

Une méta-analyse basée sur 17 essais randomisés contrôlés de Carayol et ses collaborateurs publiée dans la revue Annals of Oncology en 2013 vérifie les bénéfices de l’activité physique durant la période de traitement du cancer du sein (chimiothérapie et/ou radiothérapie). Les résultats mettent en évidence une amélioration des indicateurs de fatigue, de dépression et de qualité de vie par la participation à un programme d’activité physique d’une heure et demi à deux heures par semaine. Ce programme combine des exercices d’endurance et de léger renforcement musculaire. Les connaissances actuelles ne permettent pas de dire qu’une activité physique est meilleure qu’une autre.


Le rationnel de l’étude

Le traitement d’un cancer du sein impose dans certains cas de la chimiothérapie et/ou de la radiothérapie. Ces traitements provoquent des effets secondaires, en particulier la fatigue, et assez fréquemment un état anxio-dépressif, qui cumulés, dégradent la qualité de vie des patientes. Ces conséquences amènent les personnes en phase de traitement à rester inactives sur le plan physique et à prendre du poids. Ce «repos forcé» semble aujourd’hui délétère pour la qualité de vie, pour la santé et pour le risque de récidives du cancer. Les chercheurs s’intéressent aujourd’hui aux manières de réduire ces troubles. Une solution contre-intuitive pour lutter contre cette fatigue serait de pratiquer de l’exercice physique durant les traitements. Reste à le prouver et trouver le meilleur dosage. Quelques essais randomisés contrôlés ont tenté de répondre à ces questions.

Des études semblent montrer qu’un programme d’activité physique diminue les effets secondaires des traitements d’un cancer du sein. Mais, selon quelle modalité? 

La question posée

Quelle est la dose d’activité physique hebdomadaire idéale pour réduire la fatigue et l’état anxio-dépressif des patientes traitées pour un cancer du sein?

La méthode

Cette méta-analyse s’appuie sur tous les essais randomisés contrôlés publiés dans la littérature scientifique et médicale internationale. Seulement 17 études publiées ont été retenues sur les 896 articles recensés. L’exclusion d’un si grand nombre d’études s’explique par des faiblesses méthodologiques, par des amalgames entre types de cancer, par des imprécisions sur le contenu du programme d’activité physique, par l’absence de mesure de la fatigue et de qualité de vie, ou par une reprise de l’activité physique après les traitements. Cette méta-analyse est la première à tester un effet dose pour l’activité physique durant les traitements du cancer du sein. Elle compare au total 748 patientes dans les groupes «activité physique» à 632 patientes dans les groupes «contrôle».

Les résultats principaux

La méta-analyse montre des bénéfices statistiquement significatifs d’un programme d’activités physiques adaptées combinant des activités d’endurance (marche, vélo, course, rameur…) à des exercices de léger renforcement musculaire de toutes les parties du corps (avec des élastiques, gymnastique, utilisation du poids du corps, altères…) sur la fatigue, l’état dépressif et la qualité de vie des patientes en phase de traitement du cancer du sein. Les meilleurs bénéfices sont obtenus avec un programme oscillant entre 1,5 et 2h par semaineLes connaissances actuelles ne permettent pas de dire qu’une activité physique est meilleure qu’une autre.

Une activité physique à raison de 1,5 à 2h par semaine d’intensité modérée diminue la fatigue et l’état dépressif des patientes traitées pour un cancer du sein.  


Le message pour les patientes

Une activité physique combinant endurance et renforcement musculaire peu intensif entre une heure et demi et deux heures par semaine réduit la fatigue et l’état dépressif des patientes en phase de traitement du cancer du sein. Elle améliore également leur qualité de vie.

Le message pour les professionnels

Un programme d’activités physiques adaptées initié dès le début des traitements du cancer du sein associant ré-entrainement aérobie et renforcement musculaire peu intensif entre 1,5 et 2 heures par semaine réduit la fatigue et l’état dépressif des participantes. Ce programme améliore également la qualité de vie. Aucune preuve ne permet aujourd’hui de privilégier un type particulier d’activité physique plus qu’un autre.

Le message pour les chercheurs

Les méta-analyses de ce type manquent encore aujourd’hui de puissance statistique à cause de limites méthodologiques des études disponibles. Ces études interventionnelles non médicamenteuses sont longues à mener car elles exigent un grand nombre de patients. Si la pratique d’activité physique réduit les effets secondaires des traitements du cancer du sein et notamment la fatigue, il n’existe pas encore de preuves qu’elle réduit les récidives de cancer ou augmente la durée de vie des patientes.

Le message pour les décideurs

La méta-analyse montre que toutes les activités physiques ne se valent pas en matière de bénéfice anti-fatigue au cours des traitements du cancer du sein. Elle alerte sur les risques à proposer des activités qui serait en deçà ou au delà d’une dose hebdomadaire de 1h30 à 2h.


La référence

Carayol M, Bernard P, Boiché J, Riou F, Mercier B, Cousson-Gélie F, Romain AJ, Delpierre C, Ninot G (2013). Psychological effect of exercise in women with breast cancer. Annals of Oncology, 24(2), 291-300.


Pour citer cet article du Blog en Santé ©

Ninot G (2014). Dose optimale d’activité physique durant les traitements du cancer du sein. Blog en Santé, A2.

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