Effet anti-inflammatoire d’un régime associé à l’activité physique

Un essai clinique vérifie l’efficacité d’un programme supervisé d’activité physique et de l’association activité physique plus régime diététique sur la réduction de l’inflammation chez des personnes âgées en surpoids et obèses.

Un essai randomisé contrôlé anglais de Beavers et ses collaborateurs, publié dans la revue Journal of the American Geriatrics Society en 2013, évalue l’efficacité sur 18 mois d’une activité physique et d’un régime diététique visant la perte de poids sur les biomarqueurs de l’inflammation chez des personnes en surpoids et obèses avec un risque de maladie cardiovasculaire. L’étude démontre la supériorité du programme combiné «activité physique + régime diététique» sur des biomarqueurs de l’inflammation par rapport aux groupes sans intervention ou bénéficiant seulement du programme d’activité physique.


Le rationnel de l’étude

Une inflammation dite de bas grade et aussi appelée également inflammation chronique ou inflammation circulante. Cette forme d’inflammation ne présente aucun signe clinique, elle n’est donc pas ressentie par le patient. Elle est associée au vieillissement ou à une surcharge de masse grasse. Cette inflammation chronique constitue le terreau de maladies cardiovasculaires et métaboliques diverses comme l’infarctus du myocarde, le diabète de type 2, l’accident vasculaire cérébral (AVC). Ainsi, réduire cette inflammation chronique, c’est réduire le risque de maladie chronique et d’invalidité pour des milliers de personnes et améliorer leur chance de vivre en bonne santé et avec une bonne qualité de vie.

La recherche fondamentale chez l’animal comme chez l’homme montre qu’une activité physique pratiquée de manière régulière est efficace pour diminuer le taux des marqueurs inflammatoires sanguins. Ce résultat est montré quel que soit le niveau d’indice de masse corporelle. D’autres études expérimentales montrent qu’un régime alimentaire limitant les apports de sucres et de graisse produit les mêmes effets. La question de cette étude clinique est donc de savoir qu’est-ce qui de l’activité physique ou d’un régime alimentaire, ou de leur association, est le plus efficace pour réduire le taux de marqueurs inflammatoires de personnes à risque.

Vaut-il mieux faire un programme d’activité physique ou un régime pour diminuer le taux de marqueurs d’inflammation chronique pour des personnes de plus de 60 ans en surpoids ou obèses? Est-ce leur combinaison est vraiment plus efficace?

La question posée

Quels sont les bénéfices anti-inflammatoires d’une intervention en activité physique seule par rapport à ceux d’une intervention combinant activité physique et régime diététique sur les biomarqueurs de l’inflammation?

La méthode

L’essai randomisé contrôlé de Beavers et ses collaborateurs publié en 2013 compare les bénéfices d’un programme en activité physique adaptée par rapport à ce même programme associé à un régime visant une perte de poids chez des personnes âgées avec un risque de maladies cardiovasculaires. L’étude porte sur 288 patients âgés de 60 à 79 ans. L’étude inclue des participants dont l’indice de masse corporelle est supérieur à 28 kg/m2 (correspondant à un surpoids ou une obésité modérée à élevée) et inférieur à 40 kg/m2 (correspondant à une obésité morbide). Les participants devaient rapporter des troubles de la mobilité, une sédentarité, un récent évènement cardiovasculaire ou un diagnostic de syndrome métabolique.

Les participants ont été placés aléatoirement soit dans le groupe bénéficiant de l’intervention en activité physique, soit dans le groupe bénéficiant de l’intervention combinant le même programme d’activité physique à un régime diététique, soit dans le groupe contrôle recevant des conseils de santé en rapport avec le vieillissement réussi.

L’intervention non médicamenteuse (INM) testée

L’INM consistait à réaliser une activité physique adaptée régulière en groupe. Elle combinait des séances de marche à pied et des séances ciblant le changement de comportements à l’égard de l’activité physique quotidienne (par exemple, prendre l’escalier au lieu de l’ascenseur dès que possible). 48 séances au total ont été réalisées. Pendant les 6 premiers mois (phase intensive), 3 séances en groupe de 90 minutes et 1 séance individuelles de 30 minutes par mois ont été réalisées. Les participants étaient encouragés à marcher 30 minutes pendant 5 jours de la semaine pour atteindre au moins 150 minutes d’exercices d’endurance par semaine (vélo, marche). Lors des 12 mois suivants (phase d’entretien), la fréquence des contacts a été réduite à raison d’une session de groupe et d’un contact téléphonique par mois.

L’INM combinant activité physique et régime diététique comprenait le programme d’activité physique décrit ci-dessus combiné à un régime diététique visant une perte de poids. Le but de ce régime était de réduire l’apport calorique pour favoriser une perte de poids de 0,3 kg par semaine pendant les 6 premiers mois. La perte de poids totale était fixée entre 7% et 10% par rapport au poids corporel initial calculé avant le début de l’intervention. L’objectif de la phase d’entretien était de maintenir le poids corporel atteint en fin de première phase.

Les résultats principaux

Les résultats montrent que certains taux de biomarqueurs inflammatoires tels que la Leptine et l’IL6 sont significativement plus faibles dans le groupe bénéficiant de l’intervention combinée par rapport aux deux autres groupes un an après l’intervention.

L’intervention combinée a permis une perte moyenne de poids de 8,5% (correspondant en moyenne à 8 kg) alors que les deux autres groupes n’ont pas connu de variation.

D’autres marqueurs inflammatoires n’ont pas évolué quel que soit le groupe comme la CRP, l’IL8, le TNF1 et l’adiponectine.

Une intervention activité physique + régime de 6 mois est la seule à avoir un effet anti-inflammatoire. Une action de prévention santé ou un programme d’activité physique n’a pas eu d’effet sur les biomarqueurs inflammatoires. 


Le message pour les patients

Un régime de 6 mois visant la perte de poids de 7% à 10% combiné à un programme supervisé d’activités physiques adaptées en groupe réduit l’inflammation chronique des personnes de plus de 60 ans en surpoids ou obèses à la fin du programme et un an après. Ces personnes voient ainsi leur risque diminué d’avoir une maladie cardio-vasculaire.

Le message pour les professionnels

Contrairement à un programme d’éducation pour la santé ou un programme d’activités physiques supervisé seul, un régime de 6 mois visant la perte de poids de 7% à 10% combiné à un programme supervisé d’activités physiques adaptées ciblées sur l’endurance et pratiquées en groupe réduit le taux de biomarqueurs inflammatoires (IL6, Leptine) des personnes de plus de 60 ans en surpoids ou obèses à la fin du programme et un an après. Ces personnes voient ainsi leur risque diminué d’avoir une maladie cardio-vasculaire.

Le message pour les chercheurs

Un régime diététique associé à un programme d’activités physiques d’endurance est meilleur qu’un programme d’activités physiques ou éducatif dans l’amélioration du profil inflammatoire circulant. La question reste de savoir si le régime seul peut avoir le même effet.

Le message pour les décideurs

Un régime diététique ciblant la perte de poids de 7 à 10% associé à un programme supervisé d’activités physiques adaptées a un réel effet anti-inflammatoire chez les personnes en surpoids de plus de 60 ans. Leur risque de maladies cardiovasculaires est ainsi réduit.


La référence

Beavers KM, Ambrosius WT, Nicklas BJ, Rejeski WJ (2013). Independent and combined effects of physical activity and weight loss on inflammatory biomarkers in overweight and obese older adults. Journal of the American Geriatrics Society, 61, 1089-1094.


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Pour citer cet article du Blog en Santé ©

Ninot G (2016). Effet anti-inflammatoire d’un régime associé à une activité physique. Blog en Santé, A73.

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