Evaluation coûts-efficacité d’un programme d’activité physique dans la maladie de Parkinson

Un essai clinique évalue le bénéfice sur la qualité de vie et le coût-efficacité d’un programme additionnel d’activités physiques adaptées (APA) aux soins habituels pour les patients atteints de la maladie de Parkinson qui ont un risque élevé de chutes.

Un essai randomisé contrôlé  anglais de Fletcher et ses collaborateurs, publié dans la revue BioMed Central en 2012, compare l’efficacité après 5 mois d’un programme d’activités physiques adaptées (APA) par rapport aux soins habituels sur la qualité de vie et le coût-efficacité chez des patients atteints de la maladie de Parkinson. Un programme d’activités physiques adaptées de 10 semaines à raison d’une séance supervisée par semaine et de deux non supervisées ne diminue pas les dépenses de santé (médicaments, services de soins de santé primaire et secondaire) et n’améliore pas la qualité vie par rapport aux soins courants. Par contre, une projection statistique amène à penser qu’un programme d’activités physiques adaptées aurait un ratio coût-efficacité par rapport aux soins habituels.


Le rationnel de l’étude

La maladie de Parkinson est une maladie neurodégénérative qui touche principalement les personnes âgées. Sa prévalence est estimée à 1% chez les personnes de plus de 60 ans. La maladie est très coûteuse, tant pour les patients et leurs familles, que pour le système de soins et d’aide sociale. 60% des dépenses sont affectées aux hospitalisations et aux traitements médicamenteux. Les dépenses annuelles en Angleterre sont supérieures à 1,4 milliards de livres sterling en tenant compte des soins de santé, des aidants informels, de la perte de productivité et de l’augmentation des coûts avec la progression de la maladie.

En plus de la maladie, il est à souligner que 65% des patients se blessent. Ils sont victimes de chutes qui réduisent leur autonomie physique. 33 % des 65% vont souffrir d’une fracture consécutive à une chute. 75% des chutes entraînent une majoration des soins et des frais sociaux supplémentaires. Toute chute, même sans dommage, provoque une peur de chuter qui réduit les activités de la vie quotidienne et altère la qualité de vie liée à la santé.

Un programme ciblé d’activités physiques adaptées permettrait de réduire le nombre et la gravité des chutes chez ces personnes vulnérables. Il pourrait s’avérer coût-efficace et bénéfique pour la qualité de vie de ces personnes.

Un programme ciblé d’activités physiques adaptées réduirait les dépenses liées aux soins consécutives à une chute et améliorerait la qualité de vie des patients touchés par une maladie de Parkinson.

La question posée

Un programme d’activités physiques adaptées permet-il de prévenir les risques de chutes des patients atteints de la maladie de Parkinson? Le coût-efficacité et la qualité de vie ajustée aux années de vie (QALYs) sont-ils améliorés?

La méthode

L’essai randomisé contrôlé de Fletcher et ses collaborateurs publié en 2012 évalue une programme en activités physiques adaptées sur la qualité de vie liée à la santé et le coût-efficacité chez 93 patients atteints de la maladie de Parkinson. Les participants étaient âgés en moyenne de 71 ans. Ils avaient chuté au moins deux fois dans l’année précédant l’étude. Ils ont été affectés aléatoirement dans le groupe bénéficiant du programme d’activités physiques adaptées ou dans le groupe contrôle poursuivant les soins habituels.

Les mesures ont concerné la qualité de vie liée à la santé (avec le questionnaire EQ-5D) et le coût-efficacité (selon le principe des QALY, de l’anglais « quality-ajusted life year », correspondant à la quantité et à la qualité des années de vie gagnées grâce à une intervention ou à un traitement). Les évaluations sont réalisées avant le début de l’intervention et à 20 semaines de suivi.

L’intervention non médicamenteuse (INM) testée

Le programme supervisé d’activités physiques adaptées durait 10 semaines, avec des encouragements à poursuivre. Il comprenait une séance supervisée en groupe une fois par semaine (groupe de 6 participants maximum) dans un établissement communautaire. Deux séances par semaine étaient réalisées à domicile sur la base de recommandations individuelles. Les exercices visaient l’amélioration de l’endurance, de la force musculaire et de l’équilibre postural. Les séances étaient conçues et animées par des professionnels du service national de santé formés à superviser les personnes âgées atteintes de la maladie de Parkinson.

Les résultats principaux

Les résultats montrent, en fin d’intervention un coût moyen de 76 livres sterling par participant dans le groupe bénéficiant de l’activité physique. Aucune différence sur les services de soins de santé et sociaux n’est observée entre les deux groupes. Les résultats ne montrent pas de valeur ajoutée de l’intervention non médicamenteuse en terme de QALYs à 20 semaines. Une projection statistique indique qu’il y aurait 80% de chance que l’activité physique ait un meilleur coût-efficacité que celui des soins habituels de la maladie de Parkinson, pour lesquels la société est prête à payer environ 20.000 livres sterling par QALY.

Un programme d’activités physiques adaptées de 10 semaines à raison d’une séance par semaine supervisée et de deux non supervisées ne réduit pas les dépenses de santé et n’améliore pas la qualité de vie par rapport à un groupe contrôle pour un suivi post-intervention de 2,5 mois. Mais, les résultats semblent prometteurs sur une période plus longue.


Le message pour les patients

Un programme d’activités physiques adaptées de 10 semaines à raison d’une séance supervisée par semaine et de deux non supervisées ne diminue pas les dépenses de santé (médicaments, services de soins de santé primaire et secondaire) et n’améliore pas la qualité vie par rapport aux soins courants. Par contre, une projection statistique amène à penser qu’un programme d’activités physiques adaptées aurait un ratio coût-efficacité par rapport aux soins habituels.

Le message pour les professionnels

Un programme d’activités physiques adaptées de 10 semaines basé sur l’endurance, la force musculaire et l’équilibre à raison d’une séance par semaine supervisée et de deux non supervisées ne réduit pas les dépenses de santé et n’améliore pas la qualité de vie par rapport à un groupe contrôle. Néanmoins, une projection statistique suggère qu’il y a plus de 80% de chance que l’intervention en activités physiques adaptées soit une stratégie plus rentable en terme de coût pour la société par rapport aux soins habituels.

Le message pour les chercheurs

Une projection statistique suggère qu’il y a plus de 80% de chance que l’intervention en activités physiques adaptées soit une stratégie plus rentable en terme de coût pour la société par rapport aux soins habituels. De futures recherches devront le démontrer sur une durée plus longue de 2 mois et demi de suivi.

Le message pour les décideurs

La mise en place d’un programme d’activités physiques adaptées (APA) est peu coûteuse (76 livres sterling par personne). Cette intervention non médicamenteuse est probablement rentable sur une année. Mais, cette étude manque de puissance pour démontrer une différence en termes de coûts et de QALYs entre les deux groupes. Des études à plus large échelle et sur une durée plus longue de 2 mois et demi devraient venir confirmer ces résultats.


La référence

Fletcher E, Goodwin VA, Richards SH, Campbell JL, Taylor RS (2012). An exercise intervention to prevent falls in Parkinson’s: an economic evaluation. BioMed Central, 12, 1-9.


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Pour citer cet article du Blog en Santé ©

Ninot G (2015). Coût-efficacité d’un programme d’activités physiques adaptées dans la maladie de Parkinson. Blog en Santé, A72.

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