La majorité des maladies chroniques sont évitables

L’OMS recommande de changer notre vision des maladies chroniques et agir en conséquence. Cela devient urgent!

Un rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) publié en 2006 alerte sur des épidémies silencieuses qui vont toucher tous les pays, les maladies chroniques. Ces maladies sont non guérissables à l’heure actuelle et nécessitent des traitements médicaux et des soins à long terme. C’est pourquoi elles sont appelées « chroniques ». Elles se multiplient depuis une trentaine d’années.

Les maladies chroniques vont imposer une profonde réorganisation des systèmes de santé et de prévention. Elles vont transformer durablement notre mode de vie, notre manière de manger, de nous déplacer, de travailler… Et vous, qu’êtes-vous prêts à faire pour prévenir les maladies chroniques?


Le rationnel du rapport

Les maladies chroniques correspondent selon l’OMS aux maladies cardiovasculaires (notamment les crises cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux), aux cancers, aux maladies respiratoires chroniques et aux diabètes. Ces maladies bouleversent notre manière de penser les traitements, les soins et les préventions. Une action thérapeutique ou prévention ne peut pas être ponctuelle car ces maladies ne guérissent pas. L’OMS alerte l’opinion, les professionnels et les décideurs sur le fait que les mesures prises aujourd’hui sont insuffisantes pour répondre à la forte croissance des maladies chroniques dans le monde.

La multiplication du nombre de personnes malades chroniques oblige à fondamentalement repenser notre mode de vie.   

La question posée

Comment limiter les conséquences sanitaires, sociales et économiques des maladies chroniques dans les 10 prochaines années?

La méthode

Le rapport se fonde sur un travail d’experts pour d’une part réfuter un certain nombre d’idées reçues sur les maladies chroniques et d’autre part proposer des voies de résolution des problèmes posés par ces maladies. Les experts de l’OMS s’appuient sur la littérature scientifique internationale. Ils proposent des analyses épidémiologiques, politiques et économiques ne perdant pas de vue l’approche globale. Le rapport bénéficie d’illustrations concrètes dans la partie bilan comme dans la partie des solutions proposées.

Les résultats principaux

60% des décès dans le monde sont dus aux maladies chroniques. Elles altèrent gravement la qualité de vie et l’autonomie des personnes touchées. Elles provoquent des décès prématurés. Elles entraînent d’importantes conséquences économiques pour les familles, les communautés et les pays. Elles sont dues essentiellement à une alimentation malsaine, à la sédentarité et au tabagisme. 1 milliard de personnes sur la planète sont en surcharge pondérale. Chaque année, 2,6 millions meurent à cause d’un surpoids ou d’une obésité. 4,4 millions meurent à cause d’un taux élevé de cholestérol. 7,1 millions meurent des suites d’une hypertension artérielle. Chaque année, 4,9 millions de personnes au moins meurent à cause du tabac (200 français meurent tous les jours à cause du tabac). 380 millions de personnes vont mourir d’une maladie chronique entre 2006 et 2016. A quoi sont dues ces maladies? Essentiellement à une mauvaise alimentation, à la sédentarité, au tabagisme et l’abus d’alcool. En changeant ces comportements, 80% des maladies cardiaques, des accidents vasculaires cérébraux et des diabètes seraient évitées. 40% des cancers aussi.

Les maladies chroniques sont dues essentiellement à des comportements inadaptés.  


Le message général

L’expression « il faut bien mourir de quelque chose » est très répandue. Le problème est qu’en cas de maladie chronique, le décès n’est pas brutal. La mort est le plus souvent lente et douloureuse. La maladie chronique affaiblit progressivement et insidieusement les personnes. Elle les rend dépendantes de traitements fastidieux, de machines, de soignants, d’aides sociales, de soutiens familiaux. Elles coûtent chers aux malades comme à la société surtout si elles ne sont pas repérées précocement et prises en charge correctement. Si la mort n’est pas évitable, une mauvaise santé prolongée peut l’être. Cela passe tout simplement par des comportements plus favorables à la santé au quotidien. Prévenir les maladies chroniques, les nôtres comme celles de nos proches, est de notre responsabilité.

Le message pour les professionnels

Des personnes ne souhaitent pas améliorer leurs comportements de santé en prétextant qu’ils connaissent autour d’eux des gens qui ont des comportements malsains et qui vivent longtemps et des gens qui ont un mode de vie sain et qui décèdent jeune. Ces individus sont juste des exceptions qui confirment la règle. La grande majorité des maladies chroniques peuvent être attribuées à des facteurs de risque courants. Elles peuvent être évitées en éliminant ces risques.

Le message pour les chercheurs

Tout le travail des chercheurs dans les maladies chroniques est de faire admettre la nuance entre une cause de maladie et un facteur de risque pour une population. La prévention des maladies chroniques est à ce prix.

Le message pour les décideurs

C’est un paradoxe, les maladies chroniques sont « invisibles » dans une société où les médias sont plus intéressés par les exploits médicaux, les découvertes génétiques et les épidémies infectieuses. Sur le plan économique, les coûts des prises en charge des maladies chroniques vont devenir astronomiques. En 2001, le coût de l’obésité était estimé à 5% des dépenses nationales de santé aux Etats-Unis et à 2% en France. Il faut garder à l’idée que les maladies chroniques engendrent des dépenses de santé (autrement appelé coûts directs), mais aussi des coûts indirects comme des conséquences sur la famille et des pertes de production.


La référence

Organisation Mondiale de la Santé (2006). Prévention des maladies chroniques: Un investissement vital. Genève: OMS.


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Pour citer cet article du Blog en Santé ©

Ninot G (2014). Les principales maladies chroniques peuvent être évitées. Blog en Santé, A33.

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