Une revue de littérature vérifie l’efficacité de la pratique d’activités physiques dans la réduction des symptômes dépressifs.
La méta-analyse anglaise de Mead et ses collaborateurs publiée dans la revue Cochrane Database of Systematic Reviews en 2008 vérifie l’efficacité thérapeutique de la pratique d’activités physique chez des personnes dépressives. L’analyse se base les les résultats de 23 essais randomisés contrôlés. Les résultats montrent un bénéfice statistique et clinique évident de l’activité physique sur les indicateurs de la dépression.
Le rationnel de l’étude
La dépression est une maladie fréquente. Elle peut conduire à un décès. Elle provoque de véritables souffrances (tristesse, pessimisme, perte d’estime de soi, troubles de l’humeur…) et des dysfonctionnements organiques (conséquences de dérèglement du sommeil, de troubles de l’appétit…). Les traitements aujourd’hui classiques de la dépression sont les médicaments antidépresseurs et les psychothérapies (notamment les thérapies cognitivo-comportementales ou TCC). Les chercheurs et les cliniciens s’intéressent depuis peu à l’activité physique soit comme thérapie alternative, soit comme thérapie complémentaire. Un faisceau d’observations cliniques et d’études mécanistiques amène à penser qu’une pratique d’activités physiques adaptées et régulières pourrait avoir un effet antidépresseur chez les malades. Pour autant, les autorités de santé restent encore sceptiques. Elles lui donnent un niveau de preuve C selon la classification Evidence Based Medicine.
Un faisceau d’observations cliniques et d’études mécanistiques amène à penser la pratique d’activités physiques adaptées et régulières aurait un effet antidépresseur.
La question posée
La pratique d’activités physiques adaptées et régulières réduit-elle les symptômes dépressifs chez les adultes ?
Le protocole
La méta-analyse s’appuie sur toutes les études publiées sur le sujet. Les résultats des 23 études exploitables incluent 907 participants. Les durées des programmes d’activités physiques vont de 10 jours à 4 mois.
Les résultats principaux
La méta-analyse montre une efficacité supérieure du groupe activité physique comparé au groupe contrôle dans la réduction des symptômes dépressifs. Ceci est constaté à court terme (à la fin du programme d’activité physique) comme à moyen terme. Par contre, l’analyse ne montre pas d’effet supérieur aux thérapies cognitivo-comportementales ou aux antidépresseurs, notamment à cause d’un nombre d’études insuffisant.
Le groupe activité physique a permis de réduire le niveau moyen de symptômes dépressifs par rapport au groupe contrôle.
Le message pour les patients
L’activité physique régulière et surtout d’endurance agit comme un antidépresseur chez les patients déprimés. A ce jour, elle n’a pas d’effet supérieur ou inférieur aux psychothérapies ou aux antidépresseurs.
Le message pour les professionnels
Si la pratique d’exercice physique est bénéfique aux patients dépressifs avec une taille d’effet importante, des essais randomisés contrôlés manquent pour en préciser le contenu, la fréquence, l’intensité, la durée et le mode de supervision. De plus, elle n’a pas d’effet supérieur ou inférieur aux psychothérapies ou aux antidépresseurs compte tenu des données disponibles dans la littérature.
Le message pour les chercheurs
La pratique d’activité physique est bénéfique aux patients dépressifs. Des études complémentaires doivent être menées pour en préciser la dose idéale et en vérifier le ratio coûts/efficacité.
Le message pour les décideurs
La pratique d’activité physique régulière supervisée est bénéfique aux patients dépressifs. Des études complémentaires doivent être menées pour préciser la « dose » et les coûts/efficacité.
La référence
Mead GE, Morley W, Campbell P, Greig CA, McMurdo M, Lawlor DA (2008). Exercise for depression. Cochrane Database of Systematic Reviews, 4, CD004366.
Pour citer cet article du Blog en Santé ©
Ninot G (2014). Un nouveau remède contre la dépression, l’activité physique. Blog en Santé, A34.
© Copyright 2014 Grégory Ninot. All rights reserved.