Le sport santé: des discours aux actes

 La culture du sport de compétition est forte en France. Celle associée à la santé émerge.

Un rapport de l’INSERM en 2008 sous l’égide du Ministère des Sports, de la Jeunesse et de la Vie Associative souligne que si la pratique d’activité physique régulière et suffisamment intense est cruciale pour la santé de tous, les français n’en font pas assez comparés à leurs voisins européens. Les campagnes promotionnelles ne suffisent pas à faire changer leurs habitudes sédentaires. De graves difficultés sanitaires, sociales et économiques s’annoncent si rien n’est fait.


Le rationnel de l’étude

La pratique d’activité physique pour la santé est devenue un enjeu de santé publique. La France comparée à d’autres pays est en retard par rapport à d’autres pays. Ancrer dans la vie quotidienne la pratique régulière et adaptée à son âge d’exercice physique tient plus du mythe que de la réalité. Comment changer en profondeur cette mauvaise habitude?

La pratique d’activité physique devient un élément clé pour la santé. 

La question posée

Quels sont les bénéfices des activités physiques sur la santé et comment augmenter sa pratique au niveau d’une population?

La méthode du rapport

Des experts en sociologie, épidémiologie, physiologie, biologie, psychologie et santé publique se sont réunis pour faire le point sur la place du sport santé en France et les recommandations générales à faire. L’activité physique est définie de la manière suivante : « tout mouvement corporel produit par la contraction des muscles squelettiques entraînant une augmentation de la dépense d’énergie au dessus de la dépense de repos » (INSERM, 2008, p.149). Il s’agit donc d’un comportement observable et quantifiable.

Les résultats principaux

La pratique d’activité physique pour la santé ne fait pas encore partie des habitudes des français. Supprimer une séance d’EPS, remettre au lendemain un footing, prendre des résolutions intenables, toutes les excuses sont bonnes pour éloigner les français de la dose hebdomadaire d’exercice recommandée pour être en bonne santé. L’INSERM s’appuie sur des expérimentations récentes pour encourager les stratégies intégrées (par exemple sur le lieu de travail), les interventions adaptées aux populations à risque (par exemple les adolescents, les personnes retraitées, les personnes malades chroniques), l’aménagement intelligent du territoire (par exemple l’aménagement des espaces urbains permettant de faire bouger les individus) et les actions promotionnelles adaptées aux spécificités culturelles (par exemple en ajustant une campagne publicitaire aux traditions locales).

Les auteurs rapportent une étude de cohorte qui indique que les hommes qui ont augmentés leur niveau d’activité physique au dessus de 2 heures 30 par semaine ont réduit leur risque de mortalité de 23% par rapport à ceux qui étaient resté sédentaires. Les auteurs rassemblent d’autres résultats tendant à montrer que la pratique régulière et suffisamment intense renforce différentes structures et fonctions organiques et potentialise plusieurs processus psychologiques. Plus précisément, la fonction cardiaque, la fonction musculaire, le métabolisme, le tissu osseux, la vasodilatation, le système immunitaire, la cognition, l’estime de soi, l’humeur et le bien-être sont améliorés par la pratique d’activité physique à la bonne dose. Des maladies peuvent ainsi être évitées ou retardées. La durée de vie est rallongée, l’espérance de vie en bonne santé aussi.

L’activité physique est bénéfique à tout âge du moment où elle est pratiquée de manière raisonnée. Le rapport INSERM recommande chez l’adulte une « activité physique au moins d’intensité modérée (comme la marche à un pas soutenu) au moins 30 minutes par jour, 5 jours par semaine ou la pratique d’une activité physique d’intensité plus élevée au moins 20 minutes à chaque fois 3 jours par semaine. Une combinaison d’activités d’intensité modérée et élevée peut également être utilisée pour atteindre le niveau recommandé.» Les experts ajoutent que «la pratique d’activités d’intensité élevée est complémentaire, ou représente une étape ultérieure dans une progression des individus pour atteindre, ou dépasser, le niveau minimum recommandé.» Un dernier point peu connu du grand public est mentionné, «la pratique d’exercices de résistance (musculation) 2 fois par semaine est également encouragée» (INSERM, 2008, p.647).

L’activité physique est bénéfique à tous les âges dans la mesure où elle est pratiquée de manière raisonnée.


Le message pour les patients

Au delà de la dose minimale d’activité physique de 2,5 heures par semaine, l’INSERM recommande d’alterner les activités d’endurance (effort d’une durée d’au moins 20 minutes) et celles de résistance (effort visant un renforcement musculaire).

Le message pour les professionnels

La reprise de l’activité physique quel que soit son âge est bénéfique à la santé et à la durée de vie. La régularité et la progressivité des efforts sont les points clés.

Le message pour les chercheurs

Les bénéfices sur la santé et sur la durée de vie de programmes d’activités physiques dédiés aux besoins de certaines populations mériteraient d’être comparés par des essais randomisés contrôlés.

Le message pour les décideurs

Il serait utile de repenser le sport non plus comme un seul pourvoyeur de médailles olympiques mais comme un moyen majeur et peu coûteux d’améliorer la santé de la population. Cette approche permettrait ainsi de repenser l’aménagement des espaces urbains et l’offre de pratiques corporelles.


La référence

INSERM (2008). Activité physique: Contextes et effets sur la santé . Paris: Les éditions Inserm.


Pour citer cet article du Blog en Santé ©

Ninot G (2014). Le sport santé: des discours aux actes. Blog en Santé, A30.

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