L’éducation thérapeutique réduit les risques de nouvelles maladies

Un essai clinique prouve l’efficacité d’un programme d’éducation thérapeutique dans la réduction de comorbidités chez des patients prenant des médicaments psychotropes.

Un essai randomisé contrôlé américain de Green et ses collaborateurs, publié dans la revue American Journal of Psychiatry en 2015, évalue l’efficacité d’un programme d’éducation thérapeutique de six mois sur la perte de poids et la diminution du risque de diabète chez des patients sous médicaments antipsychotiques. Les résultats montrent une diminution du nombre d’hospitalisations et une amélioration du taux de glycémie à jeun pour le groupe bénéficiant de l’intervention par rapport au groupe contrôle, à la fin du programme, puis 6 mois après.


Le rationnel de l’étude

Les personnes souffrant de maladies mentales chroniques présentent un risque élevé de contracter d’autres maladies, notamment celles d’origine métabolique comme l’obésité et le diabète de type 2. Ces comorbidités provoquent une mortalité prématurée de ces patients. Les causes sont multiples et souvent combinées :
– effets indésirables des médicaments antipsychotiques,
– accès limités aux services médicaux,
– mauvaise alimentation,
– hyperglycémie,
– inactivité physique,
– tabagisme,
– toxicomanie.

Un programme d’éducation thérapeutique ciblé pourrait améliorer l’état de santé des patients et réduire leur risque de maladies métaboliques et cardiovasculaires. L’utilisation de techniques psycho-comportementales visant à réguler le poids corporel et d’éducation à l’autogestion de la maladie pourrait s’avérer des plus utiles pour ces personnes.

Un programme d’éducation thérapeutique permettrait de réduire les risques de maladies cardio-vasculaires et métaboliques chez des patients traités par des médicaments antipsychotiques.

La question posée

Un programme d’éducation thérapeutique de six mois basé sur le changement de mode de vie est-il efficace dans la réduction du poids et l’amélioration des taux de glycémie chez des patients traités par médicaments antipsychotiques?

La méthode

L’essai randomisé contrôlé de Green et ses collaborateurs évalue l’efficacité d’un changement de mode de vie sur la perte de poids et l’amélioration du taux de glycémie à jeun par rapport aux soins courants chez des personnes traitées avec des médicamenteux antipsychotiques. L’étude portait sur 200 patients âgés de plus de 18 ans. L’essai clinique incluait des patients sous antipsychotique depuis au moins 30 jours avant le début de l’intervention. L’Indice de Masse Corporelle (IMC) était compris entre 25 (seuil du surpoids) et 45 (seuil de l’obésité morbide).

Les patients étaient placés aléatoirement soit dans le groupe bénéficiant de l’intervention de changement global de comportements de santé nommée STRIDE, soit dans le groupe contrôle suivant les soins courants. Les patients étaient évalués en début d’intervention, en fin d’intervention à 6 mois et à 12 mois de suivi.

L’intervention non médicamenteuse (INM) testée

L’objectif de cette INM nommée STRIDE était de réduire le poids corporel entre 4,5 et 6,8 kilos en 6 mois. L’intervention apprenait aux patients l’autogestion comportementale et des techniques de résolution de problème. Elle favorisait le soutien social et l’appropriation du programme. Il était demandé aux participants de pratiquer plus de 25 minutes d’activités physiques modérées par jour. Les apports caloriques étaient réduits via un régime diététique personnalisé. L’intervention était supervisée par un conseiller en santé mentale et par un nutritionniste.

Les séances étaient réalisées en groupe et duraient 2 heures par semaine. Les patients devaient tenir un agenda des aliments, des boissons, des portions de fruits, de légumes et des produits laitiers faibles en matières grasses consommés. Ils devaient également noter le temps d’exercices physiques quotidien et la durée du sommeil. Des professionnels de la santé examinaient les dossiers des participants pour les aider à évaluer et à modifier leurs buts et leur emploi du temps.

A la fin des six mois d’intervention, l’objectif était de maintenir le poids atteint sur les 6 mois de suivi. Pendant cette période, les patients contactaient une fois par mois leur conseiller par téléphone.

Les résultats principaux

Les résultats montrent que l’intervention STRIDE a permis aux patients de perdre en moyenne 4,4 kilos de plus que les patients du groupe contrôle à 6 mois. Cependant, cette différence n’existe plus six moins après le programme.

Le niveau de glucose à jeun est réduit de 5,9 mg/dL dans le groupe STRIDE et augmente de 3,5 mg/dL dans le groupe contrôle à un an. Les patients du groupe STRIDE ont subi moins d’hospitalisations médicales par rapport au groupe contrôle sur une période d’un an, soit 6,7% contre 18,8% d’hospitalisations respectivement. En revanche, il n’y avait pas de différence concernant le nombre d’hospitalisations pour une raison psychiatrique entre les deux groupes.

Le programme d’éducation thérapeutique STRIDE permet de réduire le poids corporel à la fin du programme et à un an d’améliorer le taux de glycémie à jeun et de réduire le nombre d’hospitalisations médicales pour des raisons autres que psychiatriques chez les patients prenant un traitement antipsychotique.


Le message pour les patients

Le programme d’éducation thérapeutique STRIDE réduit le poids corporel après six mois des patients traités par des médicaments antipsychotiques. Six mois après le programme, les chercheurs constatent un maintien des bénéfices sur le taux de glycémie à jeun et deux fois moins d’hospitalisations pour des raisons autres que psychiatriques.

Le message pour les professionnels

Le programme d’éducation thérapeutique de six mois STRIDE permet une perte de poids de 4,4 kg en moyenne chez des patients sous antipsychotiques. Six mois après le programme, les chercheurs constatent un maintien des bénéfices sur le taux de glycémie à jeun et un nombre d’hospitalisations pour des raisons non psychiatriques divisé par deux. Leur risque de comorbidité cardiovasculaire et métabolique est ainsi diminué.

Le message pour les chercheurs

Les patients traités avec des antipsychotiques peuvent significativement perdre du poids et améliorer leur taux de glycémie à jeun en suivant un programme intégré de changement de comportements de santé nommé STRIDE. Ces techniques sont notamment empruntées aux thérapies cognitivo-comportementales. La caractérisation des INM devient essentielle dans tout essai clinique.

Le message pour les décideurs

Le programme d’éducation thérapeutique STRIDE réduit le poids corporel après six mois des patients sous antipsychotique. Six mois après le programme, les chercheurs constatent un maintien des bénéfices sur le taux de glycémie à jeun et une réduction par deux du nombre d’hospitalisations pour des raisons autres que psychiatriques.


La référence

Green CA, Yarborough BJH, Leo MC, Yarborough MT, Stumbo SP, Janoff SL, Perrin NA, Nichols GA, Stevens VJ (2015). The STRIDE Weight Loss and Lifestyle Intervention for Individuals Taking Antipsychotic Medications: A Randomized Trial. American Journal of Psychiatry, 172, 71-81.


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Pour citer cet article du Blog en Santé ©

Ninot G (2016). Un programme d’éducation thérapeutique chez des patients sous traitement antipsychotique réduit les risques de comordidité. Blog en Santé, A76.

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