Un consensus international sur la BPCO et sa prise en charge, GOLD

 Un rapport de consensus fait le point sur la prise en charge de la Broncho-Pneumopathie Chronique Obstructive.

De manière originale, un comité international a été créé en 2001, le GOLD (Global Strategy for the Diagnosis, Management, and Prevention of COPD). Ce comité est chargé de faire régulièrement le point sur les connaissances scientifiques et médicales sur une des maladies les moins guérissables, les plus handicapantes, les plus en augmentation dans le monde et les plus coûteuses, la Broncho-Pneumopathie Chronique Obstructive (BPCO). Ce comité est composé de chercheurs et de cliniciens reconnus internationalement. Un rapport est publié régulièrement. Le dernier date de 2013. Cet article du Blog en Santé en fait les points principaux et en recommande sa lecture.


Le rationnel du travail

La Broncho-Pneumopathie Chronique Obstructive (BPCO) est la cinquième cause de mortalité dans le monde. Elle touche 1,5 million de personnes rien qu’en France. Environ autant de malades s’ignorent en confondant les signes de la BPCO avec une bronchite passagère ou en attribuant à tort ces difficultés à la fatigue ou au vieillissement. Plus le diagnostic de BPCO est tardif, plus les pertes d’autonomie sont importantes et irréversibles. La cause de cette maladie chronique est essentiellement le tabagisme actif et/ou passif. Elle est pour l’instant non guérissable. Les patients souffrent d’un déconditionnement physique et psychosocial. Ses symptômes peuvent être très atténués par des soins adéquats. La Société de Pneumologie de Langue Française a publié des recommandations pour la prise en charge de la BPCO. C’est au tour d’une équipe d’experts internationaux réunis sous l’appellation GOLD.

Si la BPCO n’est pas guérissable pour l’instant, ses symptômes peuvent être atténués. 

La question posée

Que sait-on aujourd’hui de la BPCO et de sa prise en charge?

La méthode

Le contenu du rapport est fondé sur la méthode du consensus. A des questions précises, un comité d’experts discute jusqu’à temps d’obtenir l’avis partagé de tous. A chaque avis, un niveau de preuve Evidence Based Medicine est donné.

Les résultats principaux

Le rapport GOLD 2013 fait tout d’abord le point sur la BPCO, son épidémiologie et ses caractéristiques physiopathologiques. La BPCO est une maladie « évitable » selon le GOLD notamment par le fait de ne pas fumer. Elle se « caractérise par une limitation persistante du flux d’air qui est généralement progressive et est associée à une réponse inflammatoire chronique des voies respiratoires et des poumons à cause de particules et/ou de gaz nocifs ». Les auteurs soulignent que la présence d’« exacerbations » et/ou de « comorbidités » augmente la gravité de la maladie. La BPCO est causée par la fumée de cigarette inhalée ou d’autres particules nocives respirées telles que la fumée de biocombustibles. Cette maladie est insuffisamment diagnostiquée par les médecins (renforcée par le fait que les patients sous-estiment la gravité de leurs symptômes), souvent bien trop tardivement. Les femmes en souffrent de plus en plus et rattrapent progressivement la proportion d’hommes. La BPCO représente 6% des dépenses totales de santé d’un pays, 36% des soins accordés aux maladies respiratoires.

Le rapport aborde ensuite le diagnostic. Un essoufflement anormal à l’effort, une toux persistante et une production de crachats doivent l’alerter toute personne, encore plus si elle fume ou fréquente des fumeurs. Les médecins peuvent ainsi établir un diagnostic précis de BPCO et ajuster les thérapeutiques en conséquence. Plus la maladie est diagnostiquée tôt, et moins les conséquences sur la qualité de vie et la santé sont importantes. D’autres maladies (nommées aussi comorbidités) sont souvent présentes chez les patients souffrant d’une BPCO, une maladie cardio-vasculaire, un dysfonctionnement musculaire, un syndrome métabolique, de l’ostéoporose, de la dépression, de l’anxiété, ou un cancer du poumon.

Le rapport mentionne ensuite les stratégies thérapeutiques, les interventions médicamenteuses comme les interventions non médicamenteuses. Les démarches de sevrage tabagique, les traitements médicamenteux des symptômes, la prévention des exacerbations, l’éducation thérapeutique, la réhabilitation et les vaccinations constituent des priorités thérapeutiques. La plupart de ces stratégies thérapeutiques sont à un niveau de preuve de grade A ou B selon les principes de l’Evidence Based Medicine. Lorsque la maladie s’aggrave d’autres thérapies peuvent être proposées comme l’oxygénothérapie, la ventilation non invasive et la chirurgie.

Il est à noter que deux chapitres sont consacrés spécifiquement à la gestion des exacerbations et aux soins des comorbidités. Dans le premier, il est fait mention de chercher à identifier et de réduire l’exposition aux facteurs de risque (polluants, fumée de cigarette, poussières), de prévenir les infections bactériennes et virales par une hygiène accrue, de se faire vacciner, et à de disposer d’un plan de gestion médicamenteuse et non-médicamenteuse d’une exacerbation en accord avec son médecin traitant. Dans le second, il est fait mention que des maladies existent en même temps que la BPCO. Des maladies cardio-vasculaires coexistent la plupart du temps comme l’hypertension. L’ostéoporose et la dépression sont insuffisamment repérées par les médecins même si elles provoquent des décès prématurés. Un cancer du poumon peut être également trouvé.

Le patient souffrant d’une BPCO doit être intégré dans un processus de soins et de prévention évolutif.


Le message pour les patients

Il n’existe pas une BPCO, mais des BPCO. Chaque patient nécessite donc un accompagnement personnalisé sur la base de techniques qui ont désormais fait leur preuve.

Le message pour les professionnels

Le GOLD sensibilise les cliniciens sur le fait qu’il n’existe pas une seule BPCO, mais des BPCO dans laquelle des comorbidités sont intriquées. Ces dernières doivent nécessairement être prises en compte pour améliorer la qualité de vie des patients et leur durée de vie.

Le message pour les chercheurs

Toute recherche clinique impose de bien caractériser la population d’étude. Le GOLD donne pour la BPCO une définition internationale, actualisée en fonction des connaissances. Depuis 2000, cette définition a évolué d’une maladie purement physiologique fondée sur l’obstruction bronchique mesurée avec un indicateur pneumologique, le Volume Expiratoire Maximal en 1 seconde (VEMS), en une combinaison d’indicateurs fonctionnels et intégrés.

Le message pour les décideurs

Soigner strictement la BPCO d’une personne n’a plus de sens tellement d’autres pathologies concomitantes sont présentes chez un patient. Il est ainsi nécessaire d’inscrire le patient dans un long processus de soins et de prévention permettant de l’accompagner au mieux en fonction de ses besoins spécifiques.


La référence

Global Initiative for Chronic Obstructive Lung Disease – GOLD (2011). Global strategy for the diagnosis, management, and prevention of Chronic Obstructive Pulmonary Disease (COPD). Barcelona: GOLD.


Pour citer cet article du Blog en Santé ©

Ninot G (2014). Un consensus international sur la BPCO. Blog en Santé, A29.

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