Un essai clinique vérifie l’efficacité d’un régime basé sur l’index glycémique sur les risques de maladies cardiovasculaires et de diabète chez des personnes en surpoids et obèses.
Un essai randomisé contrôlé américain de Sacks et ses collaborateurs, publié dans la revue Journal of American Medical Association en 2014, compare l’efficacité de quatre régimes basés sur l’index glycémique ou l’apport glucidique sur la sensibilité à l’insuline, sur le cholestérol et sur la tension artérielle. Faire un régime basé sur l’indice glycémique n’est pas préférable à un régime basé sur l’apport glycémique pour réduire le risque de maladies cardiovasculaires ou de résistance à l’insuline chez les personnes en surpoids et obèses.
Le rationnel de l’étude
La consommation de glucide en trop grande quantité et trop sucrée préoccupe les professionnels de la santé et les décideurs. Pour une même quantité en glucide pur consommé, chaque aliment contenant des glucides entraine une élévation différente du taux de sucre dans le sang nommée la glycémie. Il est donc possible d’estime le pouvoir hyperglycémiant de chaque aliment et de les comparer entre eux. Cette propriété est appelée l’index glycémique. Plus l’index glycémique d’un aliment est élevé, plus la sécrétion d’insuline sera importante dans la santé et inversement. L’insuline est une hormone permettant le transport et le stockage du glucose dans le sang nécessaire à l’organisme. La consommation en trop grande quantité d’aliments ayant un index glycémique élevé pourrait conduire à une perte de sensibilité de l’organisme à l’insuline. La résistance à l’insuline se traduit par un taux de glycémie restant élevé. A long terme, des problèmes de santé surviennent tels que le diabète, l’obésité, l’hypertension et une maladie cardiaque. Même si certains nutritionnistes et certains industriels préconisent la consommation d’aliments à faible index glycémique, ses avantages spécifiques sont incertains, en particulier lorsque les personnes ont déjà une alimentation saine et riche en blé entier, en légumes et en fruits. Une étude devait permettre de répondre à cette question.
Existe-t-il un avantage à suivre un régime à faible index glycémique ou à faible apport glucidique pour diminuer le risque de maladie cardiovasculaire et métabolique?
La question posée
Un régime basé sur un faible index glycémique ou sur un apport diminué en glucide améliore t’il la sensibilité à l’insuline et les chances d’éviter une maladie cardiovasculaire?
La méthode
L’essai randomisé contrôlé américain de Sacks et ses collaborateurs compte 163 participants âgés de plus de 30 ans sans maladies chroniques. Leur Indice de Masse Corporelle (IMC) était supérieur ou égal à 25, ils étaient donc en surpoids ou obèses. L’étude a été menée en parallèle dans six villes américaines.
Les mesures principales concernaient la sensibilité à l’insuline, la tension artérielle systolique, le cholestérol lié aux lipoprotéines de basse densité (LDL), le cholestérol lié aux lipoprotéines de forte densité (HDL) et les niveaux de triglycérides.
Les participants ont rempli un journal alimentaire quotidiennement dans lequel ils inscrivaient les aliments consommés. La prise des repas (matin, midi et soir) était contrôlée par le personnel de l’étude.
Les interventions non médicamenteuses (INM) testées
La durée des régimes testés était d’environ 28 semaines. Les participants étaient suivis par des professionnels de la santé qualifiés et formés spécifiquement. L’apport calorique a été ajusté en début d’intervention afin de maintenir le poids corporel initial.
Les participants réalisaient une phase d’essai de huit jours au cours de laquelle chacun des quatre régimes de l’étude était prescrit pendant deux jours. A la suite de cette phase d’essai, chaque régime était administré pendant 5 semaines, séparé par une pause d’au moins 2 semaines au cours de laquelle les participants suivaient le régime de leur choix.
Le groupe 1 bénéficiait d’un régime hyper-glycémique (58% de l’énergie quotidienne) avec un index glycémique élevé, c’est-à-dire supérieur ou égal à 65 sur l’échelle de l’index glycémique allant jusqu’à 100.
Le groupe 2 bénéficiait également d’un régime hyper-glycémique avec un index glycémique faible, c’est à dire inférieur ou égal à 45.
Le groupe 3 bénéficiait d’un régime hypo-glycémique (40% de l’énergie quotidienne) avec un index glycémique faible, inférieur ou égal à 45.
Le groupe 4 bénéficiait également d’un régime hypoglycémique avec un index glycémique élevé, supérieur ou égal à 65.
Les résultats principaux
L’étude montre qu’un régime hyper-glycémique associé à un faible index glycémique diminue la sensibilité à l’insuline de 20%, augmente le LDL de 6% et n’affecte pas le HDL, le taux de triglycéride et la tension artérielle par rapport au régime hyper-glycémique dont l’index glycémique est élevé. Un régime hypoglycémique associé à un faible index glycémique n’affecte pas les mesures, sauf une diminution du taux de triglycéride de 5% par rapport à un régime hypoglycémique dont l’index glycémique est élevé. Un régime hypoglycémique avec un index glycémique faible n’affecte pas la sensibilité à l’insuline, la tension artérielle systolique, le LDL ou le HDL par rapport à un régime hypercalorique avec un index glycémique élevé. Cependant, il diminue le taux de triglycéride de 23%.
Faire un régime basé sur l’indice glycémique n’est pas préférable à un régime basé sur l’apport glycémique pour réduire le risque de maladies cardiovasculaires ou de résistance à l’insuline pour les personnes en surpoids et obèses.
Le message pour les personnes en surpoids
Un régime alimentaire de 5 semaines basé sur un index glycémique faible comparé à un index glycémique élevé n’a pas montré d’amélioration de la sensibilité à l’insuline, des taux de lipides et de la pression artérielle.
Le message pour les professionnels
Un régime alimentaire composé d’aliments à faible index glycémique n’améliore pas les facteurs de risque de maladies cardiovasculaires et de diabète par rapport un régime alimentaire avec un index glycémique élevé. Il risque même de réduire la sensibilité à l’insuline et d’augmenter le cholestérol LDL.
Le message pour les chercheurs
Paradoxalement, un régime hyper-glycémique et à faible en index glycémique diminue la sensibilité à l’insuline et augmente le taux de cholestérol comparé à un régime hyper-glycémique et élevé en index glycémique. Ces résultats vont à l’encontre d’une utilisation bénéfique de ce type de régime basé sur l’index glycémique.
Le message pour les décideurs
Un régime hyper-glycémique et à faible en index glycémique diminue la sensibilité à l’insuline et augmente le taux de cholestérol comparé à un régime hyper-glycémique et élevé en index glycémique. Ces résultats n’encouragent pas à la recommandation de régimes basés sur l’index glycémique chez des personnes en surpoids ou obèses.
La référence
Sacks FM, Carey VJ, Anderson CAM, Miller ER, Copeland T, Charleston J, Harshfield BJ, Laranjo N, McCarron P, Swain J, White K, Yee K, Appel LJ (2014). Effects of High vs Low Glycemic Index of Dietary Carbohydrate on Cardiovascular Disease Risk Factors and Insulin Sensitivity. The OmniCarb Randomized Clinical Trial. Journal of American Medical Association, 312, 2531-2541.
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Pour citer cet article du Blog en Santé ©
Ninot G (2015). Un régime basé sur l’index glycémique ne réduit pas les risques de maladie cardiovasculaire ou métabolique. Blog en Santé, A55.
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