Un programme d’APA améliore l’autonomie dans la maladie d’Alzheimer

Un essai clinique évalue l’efficacité d’un programme d’activités physiques adaptées (APA) sur la mobilité de base des personnes atteintes de maladie d’Alzheimer.

Un essai randomisé contrôlé américain de Roach et ses collaborateurs, publié dans la revue Journal of Geriatric Physical Therapy en 2011, compare l’efficacité d’un programme de 4 mois d’activités physiques adaptées (APA) sur la mobilité de base à un programme de marche assistée et de conversation chez des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Les résultats montrent que le programme d’APA améliore la capacité à réaliser des transferts de position alors que cette capacité continue à décliner dans les deux autres groupes.


Le rationnel de l’étude

13,2 millions d’américains seront atteints de la maladie d’Alzheimer en 2050. Ces personnes atteintes de démence ont besoin d’assistance pour réaliser les actes basiques de la vie quotidienne comme l’habillage, la toilette et la marche. Elles exigent un soutien permanent de la part de leur proche qui va au delà de leur limite personnelles. En effet, plus la personne est dépendante physiquement et plus le risque de dépression de l’aidant est élevé. Le placement en établissement spécialisé est souvent la seule solution lorsque le niveau de dépendance physique du malade dépasse la capacité de soutien de l’aidant.

L’altération de la force physique, de l’amplitude des mouvements et de l’équilibre est corrélée aux difficultés à réaliser les activités de la vie quotidienne. Il existe de preuves solides quant à l’efficacité de programmes d’activités physiques adaptées (APA) ciblés sur la force, la souplesse, l’équilibre et la vitesse de marche des personnes âgées. Cependant, le contenu d’un tel programme pour les personnes souffrant d’une maladie d’Alzheimer mérite d’être précisé et évalué scientifiquement.

Un programme d’activités physiques adaptées (APA) mobilisant la force, la souplesse, l’équilibre et l’endurance pourrait être plus efficace qu’un programme basé sur la marche pour améliorer la mobilité.

La question posée

Un programme d’activités physiques adaptées (APA) mobilisant la force, la souplesse, l’équilibre et l’endurance améliore-t-il plus la mobilité de base des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer qu’un programme de marche?

La méthode

L’essai randomisé contrôlé de Roach et ses collaborateurs évalue l’efficacité d’un programme d’APA spécifiques sur la mobilité de base. L’étude porte sur 82 personnes âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer (stade modéré à sévère). Tous les participants résident dans un établissement de soins de longue durée. Ils sont dépendants dans au moins un des critères suivants: mobilité dans le lit, transfert de positions, démarche ou équilibre et capacité à marcher avec ou sans besoin d’assistance.

Les participants étaient placés aléatoirement soit dans le groupe bénéficiant du programme d’APA spécifiques, soit dans le groupe bénéficiant du programme de marche supervisée, soit dans le groupe contrôle. Les mesures principales concernaient la limitation des activités de base: mobilité dans le lit, transferts et marche (Acute Care Index of Function) et la mobilité fonctionnelle (test de marche de 6 minutes). Les participants étaient évalués en début d’intervention et en fin d’intervention à 16 semaines.

L’intervention non médicamenteuse (INM) testée

Le programme d’Activités Physiques Adaptées (APA) comprend 5 séances par semaine durant 16 semaines. Le programme vise à ralentir le déclin et à améliorer la capacité à réaliser les activités sollicitant une mobilité de base. Par exemple l’équilibre en position assise et en position debout, le transfert de la position assise à la position debout. Le programme comprend 4 composantes : la force, la souplesse, l’équilibre et l’endurance. La durée des exercices était de 15 minutes en début du programme et a augmenté jusqu’à 30 minutes en fin d’intervention. Le programme était animé par un infirmier ou par un membre de la famille sous la supervision d’un professionnel des Activités Physiques Adaptées (APA). Les exercices de renforcement musculaire et de souplesse étaient conçus pour renforcer la musculature du tronc et des membres inférieurs. Pour cela, des exercices excentriques et concentriques ont été réalisés. Les groupes musculaires impliqués dans ces exercices sont les mêmes que ceux qui sont sollicités pour réaliser un transfert assis-debout ou inversement. Une autre série d’exercices était basée sur l’équilibre et le transfert de poids. Le participant plaçait ses mains sur les épaules de la personne qui l’assistait et celle-ci plaçait ses mains sur la ceinture de marche fixée autour de la taille du participant. Ils se déplaçaient ensuite vers la gauche, vers la droite, vers l’arrière et vers l’avant. L’aide apportée par l’intervenant était réduite graduellement et la résistance était augmentée de manière proportionnelle à l’amélioration du participant dans sa capacité à réaliser l’exercice.

Un critère pédagogique important chez cette population est la répétition, la simplicité et la familiarité des exercices.

Les résultats principaux

Les résultats montrent une amélioration des capacités de transfert en fin d’intervention pour le groupe bénéficiant du programme d’APA spécifiques par rapport aux deux autres groupes. Cependant, la mobilité dans le lit et la mobilité fonctionnelle restent inchangées en fin d’intervention pour les trois groupes.

La marche régulière n’est pas suffisante pour réduire le déclin de la mobilité des personnes atteintes de démence vivant en institution, notamment les capacités de transfert. Par contre, un programme d’APA sollicitant la force, la souplesse, l’équilibre et l’endurance à une dose suffisante l’est comme le démontre cette étude.


Le message pour les patients

Un programme d’APA de 4 mois basé sur la force, la souplesse, l’équilibre et l’endurance améliore la capacité à réaliser des changements de position, de la position assise à debout et inversement. Mais, il n’améliore la mobilité dans le lit et la mobilité fonctionnelle.

Le message pour les professionnels

La marche régulière n’est pas suffisante pour réduire le déclin de la mobilité des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Par contre, un programme d’APA de 4 mois à une dose suffisante sollicitant la force, la souplesse, l’équilibre et l’endurance devraient être mis en place chez les patients en institution pour améliorer leur capacité de transfert.

Le message pour les chercheurs

L’essai clinique visait à évaluer l’efficacité d’un programme d’activités physiques adaptées (APA) sur la mobilité de base des patients atteints de la maladie d’Alzheimer. De futures études devront répliquer cet essai sur un plus grand nombre de participants.

Le message pour les décideurs

Cet essai clinique fournit la preuve qu’un programme d’activités physiques adaptées (APA) est plus efficace qu’un programme de marche dans l’amélioration de l’autonomie physique des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.


La référence

Roach KE, Tappen RM, Kirk-Sanchez N, Williams CL, Loewenstein D (2011). A Randomized Controlled Trial of an Activity Specific Exercise Program for Individuals With Alzheimer Disease in Long-term Care Settings. Journal of Geriatric Physical Therapy, 34(2), 50-56.


Articles similaires du Blog en Santé ©

Sur le même thème

Sur le même public

Sur la même intervention non médicamenteuse


Pour citer cet article du Blog en Santé ©

Ninot G (2016). Life couple contributes to the health prevention. Blog en Santé, A85.

© Copyright 2016 Grégory Ninot. All rights reserved.

Laisser un commentaire